martes, 1 de abril de 2014

Contrat de mariage de Molière

 Contrat de mariage entre Molière et Armande Béjart, 23 janvier 1662.
Le comédien La Grange note dans son Registre, à la date du mardi 14 février 1662 :
« Visite chez Me d'Equevilly », et en marge: « Mariage de Mr de Molière au sortir de la visite ». Cette assertion, simple enregistrement d'un fait par un camarade et ami de Molière est inexacte et aurait dû mettre en garde les innombrables commentateurs modernes de cet événement si important dans la vie et l'oeuvre de Molière. Seuls les documents officiels sont dignes de foi, en l'espèce : l'acte de mariage de Molière et d'Armande Béjart et le contrat qui l'a précédé.
L'acte du mariage célébré à l'église Saint-Germain l'Auxerrois le lundi 20 février (et non le mardi 14) a été détruit en 1871 pendant les incendies de la Commune, mais il avait été transcrit par l'historiographe Jal. Quant au contrat de mariage, il repose parmi les quatre-vingt millions d'actes provenant des études des notaires de Paris, aujourd'hui rassemblés au Minutier Central, aux Archives de France.

Le lundi 23 janvier 1662, les notaires Pain et Ogier se rendirent au domicile de «damoiselle Marie Hervé », place du Palais-Royal, pour y dresser le contrat de mariage d'Armande Grésinde Claire Elizabeth Béjart, « sa fille » et celle du défunt Joseph Béjart sieur de Belleville, avec Jean-Baptiste Pocquelin de Molière. Molière venait d'avoir quarante ans, Armande était âgée de « vingt ans environ». A la cérémonie n'assistaient que les membres de la famille les plus proches; du côté de Molière, son père, Jean Pocquelin, tapissier du roi et son beau-frère André Boudet, tapissier lui aussi : du côté d'Armande, outre sa mère, sa soeur Madeleine et son frère Louis, comédiens; sa soeur Geneviève était absente.

Les futurs époux s'engageaient à être « unis et communs en tous biens meubles et immeubles » suivant la coutume de Paris. Marie Hervé promettait de remettre à Molière et à Armande, « la veille de leurs épousailles », dix mille livres tournois (environ 170 000 francs 1971). De cette somme considérable, un tiers devait entrer dans la communauté, le reste demeurant propriété exclusive d'Armande et des siens. Molière donnera quittance de cette dot à Marie Hervé le 24 juin suivant. De son côté, il constituait à sa future épouse un douaire de quatre mille livres. Le contrat stipulait qu'au cas du décès de l'époux, la veuve et les enfants pourraient, s'ils renonçaient à la cornmunauté, reprendre tous les biens apportés par contrat ou provenant de successions ou donations ultérieures, ainsi que le douaire de l'épouse.
Et tous les présents signèrent.

  
Sylvie Chevalley,
in Revue de la Comédie-Française, n°1
(septembre 1971), p. 25.

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