lunes, 24 de marzo de 2014

SHAKESPEARE ET MOLIERE











                                              


 
 
 
 
 
On dit «la langue de Shakespeare» comme on dit «la langue de Molière» pour renvoyer à l'anglais et au français, comme si l'un et l'autre représentaient la quintessence de leurs cultures respectives. Shakespeare et Molière: deux géants s'adressent au monde. L'un était mort depuis six ans, lorsque l'autre naquit. William Shakespeare (1564-1616) n'a pas connu Jean-Baptiste Poquelin (1622-1672)! S'interroger aujourd'hui sur ce qui peut les lier et sur ce qui les sépare n'est pourtant pas un exercice artificiel et, dans les pas de Stendhal écrivant Racine et Shakespeare (1823) pour défendre le romantisme contre les règles classiques, examinons ce que ces deux génies incontestés de la littérature mondiale nous disent.

Du rire aux larmes

Tous les deux jouent dans leurs pièces. Molière est la vedette de l'Illustre Théâtre. Shakespeare tient souvent des rôles de complément. Mais ils n'imaginent pas la vie hors du théâtre. C'est là qu'est leur destin, leurs amours, leurs passions, c'est là qu'ils jouent et que s'épanouit ce qui les lie le plus profondément: une liberté d'esprit, une lucidité, une capacité à faire rire ou à faire pleurer, à jouer sous le nom de comédie des pièces parfois noires. Ils savent, l'un comme l'autre, composer des scènes hilarantes mais ils sont tout aussi capables de faire pleurer Margot ou d'être franchement tragiques.

Quant aux pièces elles-mêmes, évidemment, elles sont très différentes. Molière est l'homme du Grand Siècle et de la règle des trois unités (celle qui exaspère justement Stendhal). Il s'inspire des Anciens, Grecs et Latins, écrit en alexandrins -mais pas toujours- et choisit le plus souvent de faire le portrait d'un homme de son temps, pris dans un conflit que souvent il nourrit lui-même: L'Avare Le Misanthrope . Molière s'en prend aux pouvoirs qu'il estime abusifs. Église, expédients royaux. Il le paye d'interdictions. Il défend aussi les femmes, même lorsqu'il les taquine: Les Précieuses ridicules L'École des femmes . Tout est rationnel, apparemment, dans son univers. Sauf s'il en vient à Dom Juan : les statues parlent et le ciel réplique à «l'épouseur du genre humain». Molière est rebelle, mais il est homme de Cour.

Shakespeare est plus vaste. Il écrit des comédies merveilleuses, des féeries même, La Nuit des rois Le Songe d'une nuit d'été . De grandes pièces d'amour qui racontent aussi les familles déchirées: Un conte d'hiverRoméo et Juliette Peines d'amour perdues (que longtemps on traduisit: Peine d'amour perdu). Il écrit des tragi-comédies, des tragédies. Il puise dans l'histoire qui le précède «la triste et lamentable histoire des rois». Richard IIRichard III. Il ne craint pas les personnages effrayants:Macbeth. Il fait d'un militaire noir le héros d'une de ses plus grandes pièces, Othello.Misanthrope . Molière s'en prend aux pouvoirs qu'il estime abusifs. Église, expédients royaux. Il le paye d'interdictions. Il défend aussi les femmes, même lorsqu'il les taquine: Les Précieuses ridicules L'École des femmes . Tout est rationnel, apparemment, dans son univers. Sauf s'il en vient à Dom Juan : les statues parlent et le ciel réplique à «l'épouseur du genre humain». Molière est rebelle, mais il est homées: Un conte d'hiverRoméo et Juliette Peines d'amour perdues (que longtemps on traduisit: Peine d'amour perdu). Il écrit des tragi-comédies, des tragédies. Il puise dans l'histoire qui le précède «la triste et lamentable histoire des rois». Richard IIRichard III. Il ne craint pas les personnages effrayants:Macbeth. Il fait d'un militaire noir le héros d'une de ses plus grandes pièces, Othello. It pourtant si tant d'hommes et de femmes de théâtre aujourd'hui montent leurs pièces, c'est qu'ils perçoivent, par-delà le temps et les formes, ce que l'un et l'autre, frères pour jamais en génie, ont d'universel. Au-delà des apparences, ils s'interrogent sur «le silence éternel de ces espaces infinis». Ils sondent le sens de l'existence. Ils sont les écrivains de théâtre les plus traduits au monde. 

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